La médecine esthétique est un domaine en constante évolution, qui connaît un essor considérable en France ces dernières années. En 2021, on estimait que plus de 1800 praticiens exerçaient dans ce secteur, avec une demande croissante de la part des patients. Toutefois, cette popularité grandissante soulève des questions quant à la qualité et la sécurité des soins proposés. Face aux complications liées à certains actes médicaux à visée esthétique, l’Ordre des médecins plaide désormais pour une formation universitaire obligatoire et une pratique réglementée pour les praticiens de ce domaine.
Dans cet article, nous explorerons les raisons pour lesquelles l’Ordre des médecins soutient cette initiative et les enjeux qui en découlent. Comment une formation universitaire pourrait-elle améliorer la qualité et la sécurité des soins en médecine esthétique ? Quel impact aurait cette mesure sur les différentes catégories de praticiens concernés, tels que les dermatologues, les angiologues et les chirurgiens esthétiques ? Enfin, quel rôle pourraient jouer les différentes instances telles que le Conseil national, les conseils régionaux et départementaux, ainsi que le code de déontologie dans l’encadrement et la régulation de la médecine esthétique ?
L'Ordre des médecins et la formation universitaire en médecine esthétique
Objectifs de cette formation universitaire
La mise en place d’une formation universitaire obligatoire en médecine esthétique poursuit plusieurs objectifs clés :
- Améliorer la qualité des soins en garantissant que tous les praticiens possèdent les compétences nécessaires pour réaliser des actes esthétiques en toute sécurité.
- Instaurer un cadre réglementaire pour la pratique des actes médicaux à visée esthétique afin de protéger les patients des risques associés à des interventions inadaptées.
- Favoriser la transparence en permettant aux patients de choisir des médecins ayant suivi une formation reconnue et validée par les instances médicales.
Les différents praticiens concernés
La formation universitaire en médecine esthétique serait destinée à différents types de praticiens, notamment :
- Les médecins généralistes et les spécialistes souhaitant développer leur activité dans le domaine de la médecine esthétique.
- Les dermatologues, dont les compétences en matière de soins de la peau sont étroitement liées à la médecine esthétique.
- Les angiologues spécialisés en médecine esthétique, qui traitent notamment les problèmes de circulation sanguine et de varices.
- Les chirurgiens esthétiques, qui réalisent des interventions plus complexes et invasives, telles que la rhinoplastie, la liposuccion ou l’augmentation mammaire.
La qualité des soins et la sécurité des patients
Les complications en médecine esthétique peuvent être variées et ont parfois des conséquences graves pour les patients. Elles peuvent résulter d’un manque de formation ou d’expérience du praticien, de l’utilisation de produits inadaptés ou de techniques inappropriées. Les complications courantes incluent des infections, des réactions allergiques, des ecchymoses, des cicatrices inesthétiques ou encore des résultats asymétriques.
La charte de qualité et les engagements des médecins
Face à ces enjeux, des associations telles que l’Association Française de Médecine Esthétique (AFME) ont mis en place une charte de qualité pour garantir des soins sécurisés et transparents. Les médecins adhérents à cette charte s’engagent à respecter des critères stricts, tels que :
- Le suivi de formations continues et qualitatives en médecine esthétique.
- La transparence sur les techniques utilisées et les produits injectés.
- L’information claire et complète des patients sur les risques et les bénéfices des interventions.
La transparence et le rôle du CNOM, des conseils régionaux et départementaux
Le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) et les conseils régionaux et départementaux jouent un rôle essentiel dans la transparence et la sécurité des patients. Ils sont chargés de vérifier que les médecins exerçant la médecine esthétique sont bien inscrits à l’Ordre et autorisés à pratiquer sur le territoire français. De plus, ces instances s’assurent que les médecins respectent les règles de déontologie et suivent des formations spécifiques aux actes qu’ils pratiquent.
Le code de déontologie et la base de jurisprudence
Le code de déontologie médicale encadre la pratique des actes médicaux à visée esthétique, en imposant aux médecins des obligations en matière de compétence, de formation et d’éthique. En cas de manquement à ces règles, les médecins peuvent être sanctionnés par les instances disciplinaires, telles que la Chambre disciplinaire nationale de l’Ordre des médecins ou la Section des assurances sociales du Conseil national.
La base de jurisprudence de l’Ordre des médecins permet aux patients d’accéder aux décisions rendues par ces instances, garantissant ainsi une meilleure transparence sur les sanctions éventuelles infligées aux praticiens fautifs.
En conclusion, l’instauration d’une formation universitaire obligatoire pour les actes médicaux à visée esthétique est un enjeu majeur pour garantir la sécurité et la qualité des soins prodigués aux patients. Cette formation permettrait d’assurer une meilleure maîtrise des techniques et des produits utilisés, de limiter les complications et de renforcer la confiance des patients envers les praticiens.
Source : Actes médicaux à visée esthétique (conseil-national.medecin.fr)